- corvéable
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• 1704; de corvée♦ Hist. Assujetti à la corvée. Taillable et corvéable à merci. — Subst. Les corvéables.corvéableadj. Qui est soumis à la corvée. Taillable et corvéable à merci.⇒CORVÉABLE, adj.A.— DR. ANC. Assujetti à la corvée (cf. ce mot I A). La gent corvéable (DG).— Loc. Taillable et corvéable à merci (et miséricorde). Selon la volonté absolue du seigneur. Le peuple que nos plus anciens publicistes définissent :« peuple serf, corvéable et taillable à merci et miséricorde » (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 156). Nous étions la gent « corvéable, taillable et tuable » à volonté; nous ne sommes plus qu'« incarcérables » (COURIER, Pamphlets pol., Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 11).— Emploi subst. Personne assujettie à la corvée. On commanda les corvéables (Ac. 1835, 1878, BESCH. 1845, GUÉRIN 1892). Ces corvéables recevaient d'ordinaire un salaire, mais toujours arbitrairement fixé et bas (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 218).♦ P. métaph. Nous allons de la naissance à la mort, galériens de la vie et corvéables du destin! (AMIEL, Journal, 1866, p. 440).B.— Au fig., vieilli. [En parlant d'une pers.] Dont on abuse en lui faisant obligation de toutes sortes de corvées.— Emploi subst. Sa fille (...) qui (...) s'improvise commissionnaire et corvéable des académiciens et de leurs femmes (A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 72).— Loc. fig. Être taillable et corvéable. Être bon pour toutes les corvées, destiné à être exploité (cf. faire toutes les corvées) :• Il n'existe que trois êtres respectables : le prêtre, le guerrier, le poète (...). Les autres hommes sont taillables et corvéables, faits pour l'écurie, c'est-à-dire pour exercer ce qu'on appelle des professions.BAUDELAIRE, Mon Cœur mis à nu, 1867, pp. 648-649.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1607 « sujet aux corvées » (LOISEL, Instit., liv. VI, tit. 6 ds GDF. Compl.). Empr. au lat. médiév. corveabilis de même sens 1426 ds DU CANGE, s.v. corvatae, dér. de corvea (1265, ibid.), corvata, v. corvée. Fréq. abs. littér. : 18. Bbg. LYER (St.). Part. prés. actif avec le sens passif. Archivum Romanicum. 1932, t. 16 p. 293. — ROG. 1965, p. 86.
corvéable [kɔʀveabl] adj.ÉTYM. 1594, in D. D. L.; lat. médiéval corveabilis, du lat. médiéval corvea ou corvata. → Corvée.❖1 ☑ Dr. anc. (Rare, sauf dans la loc. corvéable à merci. → Merci, cit. 8.1). Assujetti à la corvée. ⇒ aussi Taillable.1 Nous étions la gent corvéable, taillable et tuable à volonté, nous ne sommes plus qu'incarcérables.P.-L. Courier, I, 164.2 Fig. Se dit d'une personne dont on abuse en l'obligeant de faire toutes sortes de corvées.2 Gustin profita d'un arrêt et des remous qui s'ensuivirent pour se glisser dans le couloir et s'emparer d'une place assise. Il fut éveillé à Valence par de tristes êtres qui poussaient devant eux une vieille chose; à l'habit de Gustin ils le jugeaient corvéable à merci et comptaient sur lui pour qu'il fît place à la chose emmitouflée.Jacques Laurent, les Bêtises, p. 28.
Encyclopédie Universelle. 2012.